La décision, MA décision de courir au Disney Marathon Weekend en Floride a été une surprise pour plusieurs, m’incluant. 5, 10 et 21.1 km en trois jours. Plusieurs ont douté de ma réussite, parfois moi aussi… au début du moins. Parce qu’au début, je me disais que l’important serait d’être sur la ligne de départ du demi-marathon et de tout donner pour arriver à la ligne d’arrivée. Pendant près de 8 mois, je me suis entrainée avec sérieux. J’ai suivi un programme proposé par Run Disney, préparé spécifiquement par Jeff Galloway pour ce type de courses (10 et 21.2 deux jours collés). J’ai aussi décidé de suivre la méthode run/walk/run proposée par ce même entraineur. J’ai participé à quatre événements « officiels », deux de 5 km et deux de 10 km. Dès le début, j’ai décidé de travailler mon endurance avant la vitesse. Passer de limace à tortue sera mon objectif 2017.
Janvier 2017 est arrivé très vite, j’ai même pensé trop vite à un moment donné. Parce que j’ai réalisé qu’échouer n’était plus une option, que je le prendrais très mal si je ne terminais pas mon demi-marathon, soit parce que pas assez vite ou parce que physiquement, mon corps, si généreux jusque-là, ne tiendrait pas le coup.
C’est avec beaucoup de fébrilité que j’ai atterri, avec ma famille, en Floride le premier janvier. Plus aucun stress, juste de l’excitation et du gros bonheur. Le gros de l’entraînement étant terminé, j’ai eu l’occasion de me dégourdir les jambes à deux reprises avant le début de l’événement. J’en ai profité pour redécouvrir le plaisir de courir sans musique, sans bib-bib pour les intervalles.
Le 4 janvier, tout l’après-midi fut consacré à la récupération des dossards et à la visite de l’exposition. J’ai trouvé le processus long et ardu. Mon fils de 21 ans, que j’ai inscrits au 5 km avec moi, s’est dépêché de rejoindre son père dès que ce fut possible. J’ai croisé des amis à l’Expo et j’ai fait quelques achats, même si je fus très raisonnable… de mon point de vue du moins! On se couche tôt, le départ en autobus se fait au petit matin…
Parlant de dossards… Aux courses Disney, les coureurs sont assignés à des « corrals » de départ, selon les temps officiels fournis quelques mois avant l’événement. De A à F pour le 5 et le 10 km, de A à P pour le demi-marathon. Faut croire que Disney a vu en moi quelque chose que je n’ai pas vu encore… Pour le 5 et le 10, j’étais dans le corral A, avec les vrais de vrais! Pour le demi, dans un corral plus réaliste, le L. J’étais très heureuse de celui-ci, car ça me donnait du jeu pour le terminer dans le temps prescrit.
Le 5 km
À 4 h du matin, nous sommes dans l’autobus, fiston et moi avec une amie et sa famille, direction Epcot. Nous avons rendez-vous avec une autre amie et son gentil « méri » à la tente de dépôt de nos sacs. Après quelques photos et de derniers conseils, chacun se dirige vers son corral respectif. Comme mon fils est dans le B, je peux me joindre à lui pour attendre le départ. Tout est festif à Disney et rien n’est fait comme ailleurs. Cette première course fut à cette image. Du pur bonheur! Il était prévu que fiston m’accompagne tout le long. Mais à le voir se retenir, m’attendre, revenir sur ces pas, j’ai décidé de le laisser aller à son rythme. Il a mis 26 minutes à franchir la ligne d’arrivée, je l’ai rejoint 15 à 20 minutes plus tard. Je n’ai pas pris le temps de me faire photographier avec les personnages, mais j’ai savouré chaque minute. Epcot au petit matin, c’est vraiment magnifique, l’ambiance de course est unique et les coureurs sont festifs.
C’est avec fierté que je reçois ma première médaille. On nous remet eau et Powerade, à volonté, suivi de la prise de photo « officielle ». Vient ensuite une boîte à lunch avec une banane. Je rejoins mon fils au Chek Bags, me débarbouille un peu et hop dans l’autobus! Nous sommes de retour à notre chambre à 7 h 30! Une douche et un petit-déjeuner plus tard, on va faire un tour à Animal Kingdom. Même si nous soupons tôt, je suis épuisée quand je retourne à la chambre. Nous avons fait 19 km selon ma Fitbit…
Je prépare mes choses pour demain matin et je me couche…
10 km
C’est seule que je pars rejoindre des amis de course pour le 10 km, toujours à Epcot. De la jasette en masse et une photo plus tard, on rejoint nos corrals. Je suis bien, physiquement et mentalement, même s’il est à peine 5 h 30 du matin pour le départ. J’y vais doucement, en savourant le moment. Je n’arrête pas de penser au demi-marathon de demain, anticipant le plaisir de courir à la fois dans Epcot et dans Magic Kingdom. Je prends le temps de faire quelques photos et même une vidéo en direct. En traversant les différents points de contrôles, je réalise que je suis très stable dans ma vitesse, malgré les quelques arrêts, dont un impossible à reporter! Je m’hydrate bien, je prends une nutrition à mi-course (j’ai peu mangé avant de partir), je n’ai aucune douleur ni raideur. C’est avec beaucoup de fierté que je passe la ligne d’arrivée. Mon deuxième meilleur temps, moi qui devait prendre ça mollo en prévision du demi de demain. Je me sens en pleine possession de mes moyens et confiante pour demain.
Au programme aujourd’hui : piscine et repos! Mes hommes partent seuls à Hollywood Studio et moi je rejoins mon amie Line pour faire le bacon au soleil et relaxer. Nous savions que de la pluie s’annonçait pour la journée du demi, mais pas les orages. Ça nous stressait un peu de recevoir des messages de Disney qui nous disait surveiller la météo de près, mais sans plus….
L’histoire du demi-marathon
C’est vers l’heure du souper que Disney parle de la possibilité d’annuler l’événement. Des orages violents accompagnés de tonnerre sont prévus, de 1 h du matin à 8 h. Je commence à vraiment stresser, sans trop y croire. Au restaurant, je croise mon amie Marie-Claude qui me confirme que si l’événement est annulé, elle courra quand même son 21.1 km sur la piste de son hôtel. Elle m’invite à me joindre à elle. Je promets d’y réfléchir…
J’apprends la confirmation de l’annulation juste avant d’embarquer dans la navette qui nous ramène à l’hôtel et je retiens à grand-peine mes sanglots. Je voyais mon rêve s’effondrer! Je voulais tellement courir mon premier demi à Disney, traverser Epcot et Magic Kingdom avec d’autres coureurs. L’objectif de mon voyage n’est plus, moi qui me suis entrainée si fort pour le réaliser…
Avant de retourner au lit, Marie-Claude réitère son invitation à les rejoindre au Bordwalk, en me rappelant que quand la vie te donne des citrons, suffit d’en faire de la limonade.
Quand je me suis réveillée, ma première pensée a été que moi, ben j’adore ça la limonade. Il est hors de question pour moi d’accepter une médaille que je n’aurais pas méritée! Je mange et je me prépare, dossard inclus. Il pleut dehors, et c’est un peu frisquet. Mon amie Line m’informe qu’elle a décidé de courir sur la piste de notre hôtel (1,2 km). Je décide de me rendre quand même au Bordwalk (4,2 km), parce que j’ai peur que ce soit trop tentant d’abandonner si je passe 17 fois devant ma porte de chambre.
Quelle surprise de constater que c’est plus de cent coureurs qui se sont donnés R-V pour courir leur demi!!!
Le départ a été difficile. Je ressentais une brulure incroyable sur le devant de la jambe, durant une bonne partie du premier tour, sur les 5 nécessaires pour atteindre mon objectif. Mais j’avais confiance que ça se replacerait, et ce fut heureusement le cas. J’ai eu le bonheur de croiser quelques fois mon amie Marie-Claude qui m’encourageait à chaque fois.
J’ai de la difficulté à exprimer ce que j’ai ressenti lors de cette course. Non, ce ne fut pas facile, avec la pluie parfois forte, les quelques bourrasques de vent. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce le fût.
Sauf que… l’esprit de communauté fut incroyable. Malgré mon chagrin de ne pas avoir fait un demi « officiel », je suis heureuse d’avoir pris part à cet événement magique. C’est vraiment le mot à employer… Les mots, les gestes de support des coureurs m’ont beaucoup touché. Des gens nous encourageaient, nous apportaient de l’eau et du ravitaillement. Deux jeunes filles, déjà là à mon arrivée, étaient encore là quand j’ai terminé, 3 h 30 plus tard. Parce que oui, ça m’a pris un long 3 h 30 pour faire mes 5 tours, avec des intervalles de 1 minute marche/course. Je n’ai pas arrêté, sauf pour les pauses pipi. Le dernier tour, j’ai mis un écouteur pour écouter un livre audio. Je n’arrivais plus à rester dans ma bulle, à me concentrer sur ce que je faisais. J’avais une sensation de brûlure dans le dos, c’était très douloureux. Mais je me sentais bien. Oui mes jambes étaient un peu fatiguées, mais rien comme j’avais déjà ressenti.
Mon amie Marie-Claude a eu la gentillesse d’être là, devant son hôtel, à m’attendre pour les deux derniers tours. C’est elle qui a accueilli mes larmes de bonheur d’avoir réussi. Elle et son amoureux m’avaient apporté des serviettes pour que je puisse m’éponger un peu et ils m’ont même raccompagné à mon hôtel. Le fait qu’ils soient là pour m’attendre m’a beaucoup touché.
Je suis surprise de voir combien j’ai été peu « maganée » par mon demi. Bon, j’étais un peu lente dans mes promenades pour les deux derniers jours de parcs. Des raideurs dans les cuisses et le fessier. C’était plus difficile quand je restais trop longtemps sans bouger. J’avais tellement souffert après mon premier 10 km! Je suppose que ma préparation a été bonne, que je me suis bien hydratée. Ma seule blessure fut celle causée dans mon dos par mon soutien-gorge de course. Je suppose que la sueur, mêlée à la pluie en fut la cause. J’ai une plaie de plusieurs centimètres qui commence à peine à guérir.
En conclusion :
Même si je suis encore déçue de ne pas avoir eu un demi-marathon « officiel », je vous assure que c’est avec fierté que je porte ma médaille. Personne ne pourra me dire que je ne l’ai pas méritée! Et une chose est bien certaine : ça ne sera pas mon dernier demi-marathon! Je ne sais pas où ni quand, mais c’est un rendez-vous!
P.S. Et non, je n’ai plus le syndrome de l’imposteur. Une chose est certaine, après avoir fait 5, 10 et 21.1 km trois jours collés, même si ce fut à la vitesse d’une limace, je n’ai plus rien à prouver à personne. Je sais que je fais partie de la grande communauté des coureurs.
Bravo pour ta persévérance et ton courage! Je trouve que tu as remporté une SUPER MÉDAILLE : la tienne! Encore bravo!
Wow, merci Pierre!